Endormi depuis des siècle
Le hameau de la Chapelle vit replié sur sa paix.
La mère Lecras gère seule
Son épicerie de poupées
Chez la mère Jo, au café de Jo,
On trinque à toute heure du jour
Et Maurice, le chauffeur de cars,
Reçoit, sans bouger de sa place de conducteur,
Son verre d’anisette.
Dans notre grande maison,
Nous percevons les petits bruits du voisinage:
Chiens qui aboient
Conscrits en goguette,
Défilé de la Saint-Jean.
A la Saint-Jean, le hameau se réveille,
Avant le feu,
On questionne le doyen sur sa santé,
La foule prend possession
D’un champ proche de la chapelle,
Le curé dans son habit noir à l’ancienne,
Bénit le tas de bois
Avec d’obscures paroles en latin
Tous s’embrassent ou se serrent la main.
Le doyen d’une main ferme,
Met le feu aux bois de poirier et de châtaigniers,
Le tas de branches s’embrase,
Le feu réchauffe la nuit fraîche,
Qui vient de tomber,
La fanfare accompagne le feu,
Une ronde d’enfants et de jeunes,
Se forme.
Les anciens réapprovisionnent le feu,
En bois sec qui brûle en crépitant,
Le vent joueur rabat les flammes
Tantôt d’un côté, tantôt de l’autre
La ronde s’arrête,
Les plus audacieux sautent le feu
Gage, dit-on, de mariage dans l’année.
Les participants au feu
Quittent peu à peu la braise
Pour le bal proche
Qui durera jusqu’à l’aube.
La Chapelle retrouve sa paix.
M.F.